Lièvre variable des Alpes: rencontres au sommet

7 octobre: la neige a déjà fait son apparition mais le blanchon est encore bien brun.

Quand j’ai commencé la photo de nature, je me suis intéressé aux espèces proches de chez moi et les plus représentatives de la faune des Alpes, comme le bouquetin, le chamois ou la marmotte. Puis j’ai découvert dans mes lectures, les reliques de l’époque glaciaire qui peuplent nos montagnes. J’ai rapidement rêvé d’aller à leur rencontre. En parcourant ces terres d’en- haut, j’ai ainsi croisé l’hermine bondissante dans les alpages de mon Valais natal. J’ai aussi accédé aux remises hivernales de l’oiseau neige, que tout le monde me désignait comme perdrix des neiges, mais de son vrai nom lagopède des Alpes.

Le dernier du trio, à changer complètement de tenue au fil des saisons, m’a souvent posé un lapin! Et pour cause! L’écheveau de traces, que laisse le lièvre variable lors de ses péré- grinations nocturnes, est une énigme destinée à perdre ses prédateurs. De plus, cela nécessite certaines conditions pas toujours compatibles avec un emploi à plein temps. Combien de fois n’ai-je pas rêvé de m’évader alors qu’une journée de beau succédait à une averse de neige, ouvrant une nouvelle page sur le livre hivernal!

30 octobre: son pelage est à l’image du paysage, moucheté de brun et de blanc.

Un hiver de rêve

On trouve le lièvre variable aussi bien en haute altitude que dans les forêts de montagne. Ceux qui restent sur les hauteurs comptent sur le vent pour dégager la neige des crêtes où ils trouveront une maigre nourriture. Sinon ils se rabattent sur les bosquets d’aulnes, aussi appelés vernes, qu’ils écorcent consciencieusement. Ces dernières zones sont habituellement inextricables et impénétrables, ce que les lièvres exploitent à leur avantage, mais certains hivers particulièrement neigeux offrent tout de même de bonnes opportunités.

12 novembre: lumineuse rencontre ce jour-là avec ce sujet tout blanc.

15 avril: le printemps lui apporte une touche de brun sur le museau.

L’APOTHÉOSE

Il y a quelques années, pour couronner un hiver riche en observations et en images, j’ai vécu la journée du 20 mars comme une apothéose. Ce jour-là, j’ai eu l’immense chance de pouvoir observer jusqu’à sept lièvres différents dans leurs gîtes respectifs! J’ai passé cette journée mémorable sur les lieux, en approchant un individu après l’autre, pour finir par en photographier cinq. Un souvenir impérissable qui m’a révélé que chaque individu a sa personnalité. Certains ne se laissant pas approcher à moins de trente mètres. D’autres, beaucoup plus tolérants, se laissant photographier à quelques mètres sans broncher. Le plus beau souvenir restera probablement cet individu qui se réfugia dans son gîte lors de mon approche. Lorsqu’il en ressortit une heure plus tard, il prit différentes poses dans son environnement immaculé pour mon plus grand bonheur!

Au début avril, tout ce petit monde s’est dispersé. Finalement, je n’ai retrouvé qu’un seul individu. Le bout de son museau portait déjà les signes du renouveau printanier, avec les premières touches brunes du pelage estival.

20 mars: l’un des sept lièvres du jour dans son gîte abondamment enneigé.

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